Épisode I :
Durant mon voyage en Écosse, je n’ai pu résister à l’envie de sentir l’esprit de la saga littéraire Outlander. Me voilà donc aux pieds du château de Blackness, célèbre pour sa scène où Jamie Fraser se fait fouetter par l’énigmatique Jack Randall.
Rappelons au passage que la série Outlander sur Netflix a réussi l’immense défi d’honorer, voire de sublimer, l’œuvre de Diana Gabaldon.
Un pur bonheur. Toute la poésie du roman résonne dans cette série aux décors et à la narration époustouflants ! Un bel hommage à l’Écosse et au talent de l’auteure.
7h20. Blackness. Le froid matinal me rappelle le caractère des écossais. Dur, brut et authentique. Cette fraîcheur traverse mon corps et m’inspire. Sous mes pas timides et impressionnés, résonnent fièrement la pierre et la terre, courageuses colonnes, prêtes à tous les sacrifices pour soutenir la lourde et splendide bâtisse. Amoureuses et fidèles, elles s’entrelacent, se mélangent, se marient pour donner naissance au majestueux Blackness. La douceur de l’herbe verte et humide embaume l’édifice mais son parfum ne fait pas oublier le terrible passé des lieux.
C’est ici que des centaines de prisonniers ont séjourné. Que de pensées noires, que d’espoir et d’envies de liberté au fond de ces fosses humides et sombres. Combien ont senti leurs os se figer de peur quand la marée montante les dévorait à petit feu, avant de se retirer silencieusement ?
La tour, quant à elle, ne laisse aucun doute aux sentiments mitigés qu’elle fait naître en nous. Perchés là-haut, l’on domine le monde tel un commandant ambitieux prêt à faire résonner les canons écossais. Et pourtant, la peur nous prend au cou. En montant les escaliers, la poussière irrite nos yeux plein d’espoir. Une funeste brume nous enveloppe et c’est la fin. Blackness nous emmure pour l’éternité.
Mais Blackness c’est aussi l’espoir. Ici l’esprit des héros, des martyres et des curieux nous redonne étrangement goût à la vie. À travers les fenêtres de l’éternel Blackness, nous scrutons l’horizon et sentons monter en nous, cet esprit de liberté et de justice si cher aux Écossais.
Mes pas auront foulé le sol de l’immense monstre de pierre avec une pensée pour ces auteurs écossais. Je les comprends. Face à une telle beauté, comment ne pas résister à l’envie de sortir sa plume et de gratter son carnet jusqu’à en mourir ? Car ici, dans ce pays froid et venteux, dansent le soleil et les ténèbres. Le temps fait bien ce qu’il veut de nous. En l’espace d’un instant, sans prévenir, il fait briller l’astre du jour avec frénésie pour soudain nous le retirer et faire vibrer l’orage écossais sous nos pas intimidés.
