Un petit moment de poésie que je vous propose de découvrir.
Quelques lignes, qui, je l’espère, vous fera revivre vos souvenirs d’enfance sucrés…
BOUILLE D’ACIER
Je me souviens de ce sacré et beau matin
Où je naquis belle et petite parmi les miens
Forgée dans le dur et fier acier de mes pères
Bercée par son rythme cadencé et amer.
Avançant sur le dos de ce monstre roulant
Empruntant ce bruyant et unique chemin
Je laissais derrière moi ces pauvres défaillants
Aux larmes métalliques et au triste destin.
Sertie de mon beau papier, je l’imaginais
Celui qui me tiendra en ses mains le premier
Restant cachée sous l’arbre divin, à l’aube
Je lui dévoilerai la douceur de ma robe.
Je sentais déjà le doux geste caressant
De ses belles lèvres sur le creux de mes reins
De ses petits mots matinaux et chuchotant
Qu’avec moi, il n’y a pas de moment plus serein.
Les odeurs du thé et des doux péchés mignons
M’appellent et me mettent déjà en appétit
Dans quelques secondes le tic-tac du carillon
Réveillera celui qui sera mon chéri.
J’entends ses pas qui descendent ce long escalier
Le coquin, il semble vouloir se faire désirer
Dis à ta main de se presser mais qu’attends-tu ?
Déshabille-moi et mange-moi toute crue !
Oh comme le destin est parfois un peu fourbe
Le voilà enfin. Ses petites mains rondes
Me prennent et me font danser une autre ronde
Que celle que j’avais imaginée. C’est louche.
Le sort m’offrirait-il un nouveau visage ?
Celui qui m’aime déjà n’a pas l’air bien sage
Il me retourne, me balance et me chatouille
Mais comment le gronder ? Si belle est sa bouille.
Il n’est pas une journée que je voudrais manquer
Purée au beurre, jambon mixé, goûter sucré
Je virevolte et je vole mais n’aime pas faire l’avion
Obligée de larguer mon infâme cargaison.
Beurk, grrr, non, sa bouche me déclare souvent la guerre
Mais aux desserts lactés, il ne résiste guère
Gourmande et affamée, sa bouche barbouillée
Vient me dévorer. Je suis bien sa bien-aimée.
Oh, je n’aurais jamais cru fondre et me noyer
Dans les yeux bleus de ce joli petit bébé
Moi faite d’acier, je me sens enfin fière
D’être celle qu’il appelle sa petite cuillère.
Fin